RSE
15.03.2025

Finale du concours Éloquence Parole Écriture (EPE) : talent et éloquence récompensés dans la filière du chiffre. Le cabinet LITA lauréat.

Extrait de l’article publié sur le site du CNOEC le 12/03/2025 :

Lundi 27 janvier, le Théâtre Michel a vibré au rythme des discours et des performances écrites lors de la grande finale du concours EPE (Éloquence Parole Écriture). Ce rendez-vous unique a mis en lumière le talent et la créativité des professionnels du chiffre, des mémorialistes et des étudiants, venus démontrer leur capacité à convaincre et à inspirer. 

Fondé par Cyril Degrilart et Didier Plane, cet événement, dont la 2e édition s’est achevée en apothéose, rappelle que la profession comptable repose sur bien plus que des chiffres. La communication, l’art de la persuasion et l’aisance à l’oral sont des compétences essentielles pour accompagner efficacement les clients et répondre aux enjeux de demain. 

Les lauréats de cette édition 2025 
Deux catégories de prix ont été décernées : 

Trophée de l’écriture sur le sujet « Et si les comptables sauvaient le monde » : 

  • Catégorie Expert-comptable : Jean-Louis Lacoste ; LITA
  • Catégorie Étudiant : Délia-Luz Harel-Salinas ; 
  • Catégorie Mémorialiste : Alexandre Pley.

Trophée de la parole : 


Vous retrouverez ci-après le texte qui nous a permis de remporter le prix écriture sur le thème : « Et si les comptables sauvaient le monde »


Une poussière de farine : si peu pour compter ce qui compte vraiment

Quitte à tout faire à l’envers, je commencerai par la conclusion.

En ma qualité d’expert-comptable et conformément aux termes qui régissent les valeurs cardinales de notre profession : la Science, la Conscience et l’Indépendance, j’ai effectué une mission de présentation des comptes annuels de notre société.

Dans le cadre de mes diligences, j’ai relevé de multiples points qui ont une incidence significative sur la cohérence et la vraisemblance des comptes.

 
Sur la base de mes travaux, et compte tenu de l’incidence significative des points que j’évoque dans cet essai, je ne suis pas en mesure d’attester de la cohérence et de la vraisemblance des comptes annuels pris dans leur ensemble.

Ainsi, le constat d’un bilan déséquilibré me pousse à refuser d’attester de la correcte marche de notre économie.

Mais je fais aussi le choix de ne pas rester passif.

Je vous invite ici, avec moi, à vous intéresser à l’actif, et à agir.

Celui-ci est constitué d’un Monde qu’un bilan, fut-il carbone, ne peut décrire. D’une beauté que les artistes tentent en vain de reproduire. 

Il n’est nul besoin de se transformer en Huxley ou en Asimov pour inventer une crise que le comptable pourra résoudre par une solution inspirante.


Cette crise est là. Elle se dispute la Une avec l’horreur des guerres modernes.


Elle constitue notre passif. 

Acte premier : Science

Dans une danse joyeuse, depuis la moitié du XIX°siècle nous prélevons le sang de la terre sans nous soucier des conséquences.  

Nous bâtissons des cités. Des rêves de fer et de vitesse prennent forme.

Charbon, gaz et pétrole : par ces matières épaisses, nauséabondes ou explosives, par ces cadeaux empoisonnés de la terre, nous avons tout accéléré. De manière inconsciente, nous usons de pouvoirs extraordinaires, d’une force que nulle civilisation n’a connue, dans le simple fait d’allumer un ordinateur ou de démarrer une voiture.

Ce faisant, nous utilisons l’énergie emprisonnée des soleils anciens et rejetons des gaz à effet de serre.

Les conséquences de ces rejets massifs sont visibles : de l’Espagne à la République Tchèque, de la Chine aux États-Unis.

Vous connaissez les chiffres : 1.2° de hausse, 7 limites planétaires dépassées, records de températures massifs, l’année la plus chaude pour la quatrième année de suite, etc.

La crise climatique est évidente, pressante, même si on refuse de l’accepter, par peur du changement, déni ou intérêts, elle nous hurle sa présence.   

Et le comptable, dans cette histoire ?

J’y viens !

Être comptable, c’est avant tout rendre compte d’un état de fait. Nous sommes donc les traducteurs d’une réalité économique. Jusque-là, d’une réalité passée. Il est temps de devenir les observateurs d’un moment suspendu, où tout est encore possible lorsque l’on regarde devant soi.  

Les Grecs avaient un mot pour désigner cet instant précis, ce point d’inflexion où tout se joue : kairos. Ce n’est plus une question de chiffres, mais de s’emparer de l’instant, ce moment parfait où une action juste peut encore infléchir le cours des choses. Emparons-nous de cet instant !

Nous sommes au Litha de l’économie. Nous cherchons la croissance infinie dans un monde fini, mais les longues journées d’été laisseront, au détour d’un printemps trop calme ou d’un automne trop chaud, leur place aux froids hivers. Il est donc temps d’agir.

Acte deuxième : Conscience

Aujourd’hui, je veux vous raconter une histoire. C’est tout. Juste une petite histoire. Celle qu’un comptable racontera à ses enfants. Celle d’une poignée de farine qui amène à écouter le chant des oiseaux, l’histoire du refus du silence dans le bruit de l’économie.

C’est l’histoire de Paul.

Paul est un expert-comptable mémorialiste comme des milliers d’autres, il réalise des bilans, des TVA, accompagne ses clients… mais il est rêveur !

Comme chaque mois, il réalise la déclaration de la TVA de Madame Carson, boulangère de son état. Il saisit la banque, les achats, …

« Bon, la farine, 601, la TVA, 44566 …le fournisseur… Corwallos… »

Paul, en réalisant la déclaration de TVA participe à la transmission de l’information financière entre les entreprises, par la comptabilité. Il est un rouage essentiel de l’économie.

Et il n’a pas idée à quel point c’est génial la TVA, quelle beauté comptable que cette invention française !

Je vous vois sourire, cher lecteur : s’extasier sur les mécanismes TVA, quel “truc de comptable” !

Prenons de la hauteur :

La TVA passe dans une première entreprise et tel un bâton de relayeur, elle apparaît dans la seconde, et par ajout de valeurs successives, se retrouve sous le nez du consommateur. Qui se plaint, évidemment. Mais qui, sans le savoir, boucle le dispositif par l’usage de la valeur. C’est un magnifique système pour transmettre l’information par les factures sur toute la chaîne de valeur.

Revenons à Paul.

« C’est quoi cette info en bas sur la facture de Corwallos ?

708 grammes de Co2 par kilo de farine. Calcul réalisé selon la méthodologie CCC.

C’est nouveau ça ! »

« Pourquoi inscrire une quantité de Co2 sur une facture ?  Et pourquoi compte-t-il du Co2 ce meunier ? »

Il s’interroge : comment saisir cette information ? Elle servira à coup sûr pour de l’analyse ! Il fouille dans les options du logiciel, rien…

Il n’a pas la latitude pour aller plus loin, il dépasse déjà les temps du mois pour ce dossier.

Mais Paul est incorrigible, une réflexion lui vient quand il saisit les ventes.

« Aucun de mes clients n’a jamais mis du Co2 sur ses ventes ! »

Il se connecte au logiciel de caisse, de nouveau, rien.

« Pourquoi je l’ai sur les achats ? Vu la tête de ses factures, je ne pense pas que le père Corwallos soit du genre à utiliser un logiciel de compta super performant qui lui sort ça ! »

« D’ailleurs, une baguette, c’est combien en Co2 ? Et celle de ma cliente ? Et qu’est-ce que ça représente 708 grammes de Co2 pour un kilo de farine, c’est beaucoup ? »

Paul, vous l’avez compris, se pose beaucoup de questions. Il est curieux. C’est la plus belle qualité pour un expert-comptable mémorialiste.

Soudain, une idée !

« Je pourrai en faire un sujet intéressant ! Avec des données de qualité, je peux réaliser une comptabilité analytique pour mes ventes.

Mais, d’abord, je dois découvrir ce qui se cache derrière ce Co2. Je vais effectuer des recherches ce soir »

La poussière de farine a trouvé une place dans l’esprit de Paul. Il vit son Kairos.

 
Rapidement, il découvre un Nouveau Monde.

Il commence à lire, beaucoup. Il redécouvre l’effet de serre, la complexité du climat, le rapport Meadow, les rapports du GIEC.

Paul écoute des podcasts, des conférences. Il découvre la RSE, les travaux de l’ADEME, le bilan carbone, …

Il fait le lien avec l’énergie, l’économie, le climat, les entreprises, son quotidien, …

En découvrant les chiffres, et les trajectoires, il s’alarme.

Il se décourage, aussi. Qu’est-ce qu’un comptable peut bien y faire ?


Mais Paul passe le cap, il veut agir !

Il rejoint une association engagée dans la décarbonation de l’économie.


Dans son groupe local, il côtoie plein d’ingénieurs excentriques. Il remarque aussi qu’il est le seul comptable du groupe.

Et au bout de plusieurs mois, il se décide : à la prochaine déclaration de TVA de Madame Carson, il va calculer le poids carbone d’une baguette ! Avec la compta !

Voilà donc notre Paul qui s’engage avec résolution dans la saisie. Il a même prévu son petit tableur Excel.  


Mais aucune autre facture ne présente de carbone. Il essaie de chercher des données, il connaît les bases publiques, mais, c’est très complexe. Il manque de données fiables, personnalisées. Il lui faudrait des jours de travail pour réaliser un calcul incertain …

Espérant trouver de l’aide, il explique le sujet à son maître de stage.


« Tu sais, la durabilité, c’est compliqué. Nous ne sommes pas formés, c’est un investissement important.

C’est une idée intéressante que tu as là, mais c’est trop tôt. Je vois mal cet enjeu prendre de l’ampleur. »

« Mais les enjeux climatiques sont majeurs pour nos clients, et donc pour nous ! » rétorque Paul.
« Le climat ? Oh, tu crois vraiment que ça va nous impacter directement ?

Je sais que c’est important pour toi ces sujets, les bilans carbone, etc. Promis, nous allons nous y mettre, mais chaque chose en son temps.

Tu le feras quand tu seras diplômé. »


Paul se refuse à abandonner aussi facilement.

Il va contacter le meunier !


Il se trouve que Gilles Corwallos est un meunier lui aussi très curieux et rêveur. Il est membre de la même association que Paul ! Et il est très heureux de discuter de Co2 avec un comptable !


Et justement, il en cherche, des comptables, pour intégrer un groupe de travail : le fameux groupe CCC !

Paul, lui, a trouvé sa voie.

Des années plus tard, en 2050, pendant sa promenade en forêt qu’il fait chaque samedi matin de printemps, Paul se sent bien.

Il repense à cet appel qu’il a passé quand il était mémorialiste, à quel point la vie, et l’économie ont changé depuis.

Tous ensemble, ils ont réussi.

Comme la TVA de Lauré, la méthode s’est finalement répandue dans toute l’économie.

Des milliers d’experts-comptables se sont regroupés en 2025. Ensemble, avec les associations, les syndicats, l’Ordre, la Compagnie, les parlementaires, les entreprises, ils ont réussi à compter le carbone à la maille des produits, partout, dans toutes les TPE, les PME, les grandes entreprises, les organisations publiques.


Ce faisant, ils ont permis d’enclencher un mouvement massif à l’échelle nationale, puis européenne.
Le calcul individuel, les plans de réduction sectoriels et la planification conforme à l’accord de Paris. L’économie a changé : de linéaire à circulaire, de destructrice à régénératrice, d’inconsciente à responsable.   

Paul est heureux.

Mais si Paul se sent bien, c’est certainement aussi grâce à la forêt dans laquelle il se promène. Dans cette forêt, les oiseaux chantent.  

Acte troisième : Indépendance

La vie est étonnante. D’un détail sans importance à l’œil qui ne voit pas l’avenir, on emprunte un nouveau chemin. Sans s’en apercevoir, on shift, sans vivre sur l’instant le détail, la poussière de farine qui a trouvé la place pour se loger dans la machine.


De simples exécutants, par le métier, comptable ; qui traite le chiffre, dactylographe d’une machine qui dépasse l’échelle humaine, nous devenons comptables, moralement responsable devant une autorité.

De complice de la folie des Hommes, on devient objecteur, en toute lucidité.  

Ainsi, nous devenons les gardiens d’une information qui permet l’action éclairée. Une profession qui monte sur les épaules des géants, de Meadow à Jouzel, pour trouver des solutions. 

Le changement s’enclenche alors dans les gouvernances et l’irrésistible refus du statu quo s’impose à chacun.

Et peut-être alors, nos productions permettent une prise de conscience massive, du chef d’entreprise au consommateur, par nos voix, qui, à défaut d’être aujourd’hui entendues, ont l’indépendance des grandes âmes.

Celles des Pasteur et Curie, des scientifiques qui, face à l’inéluctable vérité qui hurle, ne peuvent se taire.


Au quotidien, nous décidons, puisqu’il s’agit avant tout d’un choix, de retracer les flux physiques : devenu impacts, risques, opportunités et métriques de l’enfer et du paradis économique. L’ingénieur et le comptable réunis par nécessité et par mise en application de nos valeurs.

Face à une économie qui remplace les étoiles par des satellites, les océans par des déserts et les forêts par des plaines, nous nous redressons.

Pas encore avec le pavé, mais avec la partie double, héritage des marchands vénitiens remis à la mode de l’enjeu du siècle.

Par la Comptabilité Carbone Collaborative, au quotidien, nous sommes épris de diffusion de la Science, par une application Indépendante en toute Conscience.

À défaut de sauver le Monde seul, nous aidons les décideurs, les consommateurs et tous les acteurs de la société à sauver notre Monde, et celui de nos enfants.